Anticipation des conflits - Règlements amiables - Transactions 

I - LES CAUSES ET LES CONSTATS de leur SOUFFRANCE :

L’insidieux guette le dirigeant d’un amalgame où sa souffrance au travail pourrait être légitimée par  un très bon salaire ou d’excellents bonus et autres traitements et avantages du dirigeant…. c’est très piégeux, y compris pour leur santé.

Nous verrons en deuxième partie que leur souffrance n’est pas une fatalité.

J’ai dans mes besaces d’avocat un essai en cours. Son titre pourrait être « Maître, je vais bien parce que je ne suis pas morte !! ».

Réponse qui m’a été faite par une cliente après des mois de très grande fragilisation…. le rapport médical évoque sa longue perte du sensoriel, et la décrit en état de quasi légume, une morte vivante, une femme debout mais totalement déshumanisée…. les lignes d’un rapport médical qui me laisse encore une particulière émotion.

Les cadres ne sont pas tous dirigeants, les dirigeants ne sont pas tous cadres mais le risque de souffrance les menace pourtant tous. 

Les cadres dirigeants pour leur part, ont quelquefois le double handicap de devoir appréhender les interférences du droit social et du droit des sociétés. Ils connaissent un régime fiscal et social spécifique comme pour leur indemnité de rupture de la relation de travail. S’ils sont exclus de l’assurance chômage, ils relèvent de la garantie des salaires par la souscription d’un contrat privé d’assurance spécifique, etc…

Dans cet essai, la narration du vécu de certains cadres (dirigeants ou non) dépasse souvent la fiction, l’imagination (des extraits de témoignages seront prochainement sur ce blog).

En bord de falaise, confronté au grand vide, leur avocat est quelque fois le seul interlocuteur de la gestion d’une crise grave, souvent soudaine, telle la cordelette qui empêche la chute plus fatale, qui pallie l’impromptu isolement, un enfermement social et psychologique dévastateur. 

(à venir sur ce blog également : « L’isolement du cadre/du dirigeant »)

Les cadres – Les dirigeants (en bord de falaise) s’ils doivent en urgence être conseillés en droit, en stratégie de gestion de conflit, de crise, sont souvent en parallèle suivis médicalement. 

Nous ne sommes plus seulement en situation de fatigue des élites mais en situation de voir un égorgement ou une mise à mal de façon quasi irréversible. Les causes, les configurations, les conséquences influent naturellement sur la santé. 

Les cas sont tous différents mais les  grandes lignes des scénarios se rejoignent pour la plupart. Par de généreux témoignages des cadres/de dirigeants sur leur expérience tragique vécue, il s’agit de permettre de s’identifier, de prévenir le foudroyant comme les situations d’éviction, éviction en quelques petites minutes bien souvent, mais aussi la souffrance du dirigeant par des agonies lentes…. Pour d’autres, trop nombreux, il s’agira de s’approprier, de se savoir concerné, de sortir d’une forme de déni.

LA SOUFFRANCE DU DIRIGEANT

Un podcast récent de « story RH – le blues des chef(fe)s » évoque la souffrance du cadre dirigeant

Injonctions contradictoires

Perte de sens

Réduction d’autonomie

Problème de reconnaissance…

Naturellement, aucun salarié n’a le monopole de la souffrance au travail…c’est aussi le cas de certains cadres et cadres dirigeants (sans exclure certains dirigeants qui ne sont pas des subordonnés mais propriétaires de l’entreprise – dispositif APESA, « la souffrance n’est pas mon genre » – à destination des chefs d’entreprise - (https://www.apesa-france.com/)

Story RH : https://storyrh.fr/2023/01/08/le-blues-des-cheffes/ rappelle que déjà en 2005 François Dupuy alertait sur la « Fatigue des élites » https://www.seuil.com/ouvrage/la-fatigue-des-elites-francois-dupuy/9782020795845

Parce qu’ils gagnent très bien leur vie, les cadres/cadres dirigeants/dirigeants peuvent autant risquer de la perdre à l’image de tout travailleur en souffrance.

(Essai sur la souffrance des cadres/ dirigeants – le titre de cet essai pourrait être «  Maître je vais bien parce que je ne suis pas morte » - Des témoignages et récits de cadres et dirigeants à destination de leurs homologues car la souffrance n’est pas une fatalité !). 

II - LA SOUFFRANCE N’EST PAS UNE FATALITE :

Le préventif pour ne pas y tomber ! Il ne s’agit pas de s’affoler et/ou de développer une tendance paranoïaque, hypocondriaque ou que sais-je ? … bien au contraire !

Il s’agit d’adosser à son quotidien de travailleur quel que soit sa place dans la hiérarchie de la froide lucidité, d’être objectif autant que faire se peut sur l’ensemble (à 360 degrés) du paysage économique/juridique notamment. 

Par ce réalisme maitrisé autant que faire se peut, le travailleur (au sens actif !) qu’il soit cadre et/ou dirigeant, est à l’aise face aux enjeux en présence avec les outils du droit appropriés :

  • pour sauver ses fonctions en renversant des causes de souffrance en sources d’enthousiasme au travail, enthousiasme d’ailleurs partagé avec la direction, ou les homologues … de beaux revirements de situations existent
  • ou pour sortir dignement de la relation de travail, …
  • et tout à la fois, convertir les ressentis d’échec en simple étape d’un parcours vers la réussite,…

N’oublions jamais que seul le Gagnant /Gagnant permet la meilleure sérénité. Les scénarios Gagnant /Perdant, même côté Gagnant revêtent une ardoise en terme d’énergie perdue, d’appauvrissement de son capital témérité, une ardoise tout simplement en coût financier, en chronophage,…

Ainsi, équilibrer les champs des possibles des offensives, des difficultés…. C’est s’obliger à lister  les plausibles, les hypothèses dont la dureté de certaines tout à fait légales ( la mise à pied / la révocation/... )

En parallèle, c’est s’approprier un réservoir de contre offensives possibles, d’axes, voire de moyens pour réagir avec des outils juridiques qui existent trop souvent méconnus. 

Il s’agit de bien disséquer et envisager les étapes pour avoir une compréhension exacte des « pourquoi » et « comment »…..

Mettre dehors un salarié, cadre, cadre dirigeant, dirigeant en moins de quelques minutes est souvent légal sous condition certes ! Mais le contrôle du respect de ces conditions, du bienfondé est prévu a postériori après que la mise à mal soit faite – (A venir un article de ce blog sur « l’éviction soudaine du dirigeant », celle du cadre mais également du cadre dirigeant outre les contours plus vastes de celle du dirigeant (révocation – rupture du soutien bancaire, etc….)

Il y a souvent malheureusement mauvaise donne. Il arrive que le dirigeant ait insuffisamment défini, cerné les obligations en présence, les droits de chacun. 

Naturellement, les délimitations sont subtiles et ne manquent pas de technicité juridique quelques fois complexes mais il ne faut pas négliger d’y réfléchir et de les maitriser .

Certains cas sont évidents. Exemple : un cadre violent remercié en quelques secondes, cela ne choquera personne et son maintien au poste choquerait à l’inverse. 

Dans la majeure partie des cas, les équilibres en présence ne sont malheureusement pas aussi évidents à délimiter.

Il dirige (le cadre/le dirigeant) mais il n’est pas chez lui ! …. Il n’est pas propriétaire de l’entreprise ou pas le seul à la détenir. Définir en droit du travail le chef d’entreprise est essentiel (A venir sur ce blog : la délimitation juridique de l’employeur (Entreprise -  Sociétés – Groupes de société – Interférence avec le droit des sociétés - Délégation de pouvoir, etc…)

La perception des équilibres en présence, la bonne délimitation des contours permet les bons réflexes les bons, les bons positionnements qui sont autant de remparts.

Ainsi, même proche d’une falaise, en souffrance, à la veille d’être évincé ou déjà remercié, le sol sous les pieds du cadre, du dirigeant peut rester stable malgré le danger et les difficultés. 

L’anticipation en période prospère et quand tout va bien reste le meilleur préventif. Se poser les bonnes questions au bon moment….  S’interroger parce qu’il y a un problème, c’est prendre le risque  probable que ce soit un peu tard (en toute bonne jungle mieux vaut prévenir l’arrivée d’un animal féroce même s’il n’est pas visible. La beauté du paysage ne peut faire oublier sa possible apparition….s’obliger à ne jamais faire l’autruche).

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